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Approche de l’oeuvre de Geert Van der Borght
Exposition “The heart of the matter”, octobre – décembre 2007
Otto Ganz, octobre 2007

Est impressionnante, dans le travail de Geert Van der Borght, cette pratique qui conduit à une réduction progressive de la réalité pour atteindre un univers où les formes ne disent plus autre chose que ce sentiment très puissant qui traverse la rencontre des matières. Si le départ de la création est symboliste, animé d’un « désir de dire » ainsi qu’en témoignent des titres, des éléments de récupération ou des œuvres plus spécifiques, très vite, l’idée du sculpteur se précise et fait naître le véritable acte créatif.


Par l’introspection, l’artiste procède à une érosion de l’image initiale : l’esprit trie l’excédentaire, procède à un travail de réduction pour ne conserver, pleinement signifiant, qu’un discours de formes entre elles. Discours des origines avant même le concept d’origine, attirance pour ce qui précède l’objet, la langue, le sens. L’artiste retourne au plus identitaire de l’œuvre : le dialogue des formes informées avant que les combinaisons, par un besoin impératif ou une nécessité technique, s’extraient du magma.


La pensée remonte le temps pour retourner à cet avant du mot, temps où tout n’était que rencontre d’entités desquelles émergeront nos outils, nos besoins et nos mots. Et c’est sans doute là que se situe le nœud du travail de Geert Van der Borght, une fois qu’on a dépassé toutes les justifications ou interprétations poétiques : à un dialogue. Voici où amène l’observation de cette sculpture introspective, presque contemplative : dans un lieu où le sens, lui-même composite, s’efface pour chacune des parties, indiquant pourtant qu’en chacune d’elles, il ne cesse de toujours se révéler dans son intégralité. D’une garde de poignard naît le couteau, d’une lame, le fourreau… De la rencontre de deux formes qui ont toujours préexisté en vue de cet emboîtement précis apparaît l’objet. Dans cet univers silencieux, retourné à une vision d’avant le sens, les frontières entre les corps, les masses, sont informisées. Chaque œuvre s’anime en termes d’emmanchures, de mortaises, d’emboîtements, de sonorités visuelles et tactiles, de dialectique : conception d’une matière informée mais contenant déjà toutes les formes, anticipativement à leur surgissement.


Ce discours en intime un autre : celui de l’identité de la matière elle-même. L’interrogation tactile, instinctivement, conduit l’observateur dans ce doute nécessaire que produit toute œuvre qui « remue » les sens. La vérité n’est pas le produit d’un seul sens ou d’une émotion, fût-elle logique. Pour qu’il y ait discours du sens, la contemplation ne suffit pas : cette parole, performative, propulse le spectateur dans la surprise et, plus essentiel, le doute. Que conserver des certitudes si l’objet observé, décodé, reste, en vérité, inconnaissable, simplement parce qu’il est impossible d’en identifier les matières en termes de matériaux ? Que l’on s’imagine le sentiment qui traverse les doigts lorsque, soulevant un pavé de granit avec l’impulsion et la force supposée nécessaire, ils découvrent que ledit pavé est en porcelaine creuse ? Que croire si notre perception logique de la densité est faussée ? Que reste-t-il à croire ? sinon que l’œil nous trompe, parce que le sens est plus loin : l’identité elle-même, dans un discours des origines, est secondaire.


Exposition “Step Inside”, oct.obre 2004- février 2005
Jean-Phillipe Goffaux

Geert Van der Borght parvient à une sublimation de la matière. Il joue avec les lignes de forces qui se prolongent dans le théâtre fragile de la terre.
Son expression est informelle ou inversée. Le signifiant premier, valeur d’usage ou autre arcane de récognition se tient en épiphénomène, comme repoussé à l’extérieur. Il parvient de la sorte à échapper à la relégation des phénomènes au signifié…

Pas moyen en effet de calquer ses matières dans nos colorations psychiques préfigurées, pas de moyen non plus de les subordonner à quelque signifiant premier. Ses matières sont rétives, elles subvertissent la forme de l’intérieur, résistent à l’enveloppement.
Le jeu phénoménal en est d’autant plus libre…
La terre, le bois et le métal questionnent leur équilibre. Dans ses compositions où s’enchâssent des forces opposées, leur jeu produit une insistance, un rayonnement diffus, à peine contenu. Une aura se dégage qui semble précéder toute obstruction mentale, comme si l’on avait gratté la pellicule formelle de notre appréhension, décapé notre perception pour parvenir aux forces vives.
Cette expérience de phénoménologie, l’artiste la promeut par d’autres moyens encore, notamment l’hyperréalisme. Il n’imite pas seulement la forme, mais encore la texture, de la l’effet mirobolant! Car il s’agit d’un piège, et d’autant plus puissant qu’il captera une part accrue des formations que, nonchalamment, nous projetons de par l’usage.
Le voile de notre imaginaire est destiné à se dissoudre dans cette orfèvrerie à la destination psychique. La disjonction entre l’objet crû et le réel traverse l’esprit et nous plante au présent, pantois, dans l’expérience de perception directe.
On en revient émerveillé, comme si un maître avait posé sur notre route un objet transcendant le temps.


Ghislain Olivier (Edition de l’heure)

“En déclinant les trompeuses apparences que peut prendre la matière, Geert Van der Borght ouvre plusieurs portes à la méditation, à la contemplation, à l’éveil des sens et par là même à la connaissance.
L’utilisation de diverses matières et techniques de cuisson et de couleurs nous renvoie à notre propre perception globale. En réalité, le feu, la terre, le pigment font éclater les classifications. L’objet prend ainsi une force inattendue.
Passé l’agréable effet de surprise, le spectateur participe à un effet de lumière totale que seuls les grands artistes à la fois techniciens et philosophes peuvent offrir. GV propose ainsi une forme de sensualité qui offre la possibilité d’élargir l’espace par la forme et la couleur.”


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